A propos de la retraite par répartition
Lorsqu’un paradigme ne fonctionne plus, il faut changer le paradigme. Depuis
la nuit des temps nos sociétés humaines étaient
structurées sur les 3 âges de la vie en forme de pyramide- une base forte : la jeunesse, c’est l’âge de l’apprentissage, - un centre équilibré : l’âge adulte, l’âge de l’accomplissement, de l’accouplement et de la reproduction, de la production de biens et services - une pointe fine :la vieillesse, l'âge de la transmission des biens et des savoirs, l’âge du renoncement et de la dépendance. Ainsi 3 générations coexistaient au sein d’une cellule appelée famille elle même incluse au sein d’une société. Plus la société est primitive, plus la cellule familiale est puissante et constitue le moyen de survie et le meilleur rempart contre les agressions et les dangers, c’est le cas de la plupart des sociétés animales. Plus une société évolue plus elle spécialise ses membres et prend en charge collectivement les différents stades de la vie. Nos sociétés humaines en sont à ce stade d'évolution, on voit bien que la cellule familiale s'affaiblie : séparation, union précaire, parent isolé...  Ainsi
les abeilles : il y a la reine qui assure la reproduction, puis tour
à tour aux différents stade de leur vie les
abeilles se spécialiseront dans les tâches
nécessaires à la communauté (Texte extrait de
« L'abeille de France » - Fevrier 2000) : Dès le premier jour : Fée du Logis. Nettoyeuse, elle est préposée au ménage et à la toilette de ses sœurs. Du 2ème au 11ème jour : Dame Cantine. Nourricière, elle distribue la gelée royale à toutes les larves qui donneront naissance aux jeunes abeilles et aux reines. Du 12ème au 13ème jour : Une climatisation collective. Magasinière-Ventileuse, elle stocke le pollen et le nectar, elle bat des ailes pour maintenir une température constante de 30° à 35° dans la ruche. Ainsi l'eau contenue dans le nectar s'évapore en grande partie. Du 14ème au 17ème jour : Une architecte de génie. Bâtisseuse, elle utilise ses glandes cirières pour construire les rayons. Elle assemble inlassablement l'une après l'autre, de fines lamelles de cire pour la construction des alvéoles. Du 18ème au 21ème jour : Agent de Sécurité. Gardienne, elle communique grâce à ses antennes avec les abeilles qui entrent dans la ruche. Celles qui ne font pas partie de la colonie sont repoussées. Les voleuses de miel sont chassées à coup de dard. À partir du 22ème jour : À la conquête des fleurs. Butineuse, elle part récolter le pollen et le nectar des fleurs pour la production du miel. Elle meurt quelques jours plus tard après avoir parcouru près de 700 Km. On remarque que dans ce cas, lorsque son rôle actif pour la collectivité est terminé l’abeille meurt. Ce fut longtemps le cas dans nos sociétés humaines, chaque génération était décimée par les épidémies, les guerres, imposant ainsi l'ardente nécessité d’avoir un nombre d’enfants suffisant pour assurer la pérennité de l’espèce. Au fil du temps et des progrès de la société humaine cette nécessité est devenue moins évidente et avec 7 milliards d’humains, l’espèce humaine se trouve en danger de trop plein, la planète nourricière n’étant plus en mesure d’assurer sa survie…  Après
les deux conflits mondiaux du 20° siècle, pour combler le
déficit, la démographie est repartie à la
hausse dans la plupart des pays occidentaux. On observe sur
le graphique les cicatrices laissées par les deux guerresDevant l’emballement, la chine par exemple, a pris des mesures autoritaires limitant à un enfant unique le droit d’avoir des enfants, mais dans les pays occidentaux, la contraception joue ce rôle régulateur depuis les années 70. Dans le même temps un phénomène nouveau apparait : l’allongement de la durée de la vie, et donc l’augmentation du nombre de vieillards, créant ainsi une double charge pour la génération à l’âge adulte, élever leur enfants, et assister leurs parents devenus trop vieux. Si le simple remplacement générationnel exige 2 enfants, chaque élément du couple a 2 parents, soit 6 personnes à la charge du couple dont économiquement il est devenu indispensable que la femme travaille. Avec l’allongement de l’espérance de vie il peut s’ajouter quelques membres d’une 4° génération. C’est ainsi que les régimes de retraite ont été fondés à la charge de la collectivité dans la plupart des pays occidentaux.  Même
si la charge des cotisations est répartie entre
l’employeur et le salarié en France, il ne s’agit
que d’un leurre cette charge venant finalement en
soustraction du salaire net du salarié. L’équilibre
1 retraité pour 4 cotisants était respecté
grâce à un double phénomène
démographique lié à la fin de la 2° guerre
mondiale le baby boom, un effectif de retraités faible
après les décès du 1° conflit mondial, qui a
lui même limité les naissances entre les deux guerres.   Le
nombre de retraités est resté supportable
jusqu’à l’arrivée des Papy boomers à
partir de 2005. On ne peut que constater l’absence de vision des
gouvernants qui ont permis la retraite à 60 ans dans les
années 80, sans toucher à l'assiette de cotisation
calulée sur le travail des actifs adultes. D’autant que la
population active stagne, la
démographie étant affectée depuis les
années 70. Dans ces circonstances le COR prévoit 1,20
cotisant pour 1 retraité en 2060.  A
la forme traditionnelle de
la pyramide des âges se substitue une forme de tronc 20% de
jeunes
50% d'adultes 30% de personnes âgées. Michel Rocard
s'inspirant des pays du nord de l'Europe, a tenté de
déplacer la charge avec l'institution de la CSG, mais à
l'époque le problème démographique ne se posait
pas C’est la fin du régime par répartition, c’est la fin du paradigme. Dans les pays où les charges sociales sont moins lourdes, les Etats Unis, l’Allemagne, à coté d’une retraite légale modeste les retraités se constituent une retraite par capitalisation grâce à des salaires plus élevés. L’absence de décision ou de vision de nos gouvernants n’a pas donné cette opportunité aux salariés Français dont les salaires et le mode de pensée n’ont pas évolué. Comme on ne peut éternellement reculer l’âge de la retraite car il faudrait travailler jusqu’à 78 ans en 2060 pour retrouver le fameux ratio ¼. la seule option est de diminuer les retraites. Par ailleurs, L’offre d’emploi pour les séniors, reste illusoire, par conséquent l’allongement de la durée d’activité. Avec l’évolution des techniques et notamment du numérique les besoins de main d’œuvre vont diminuer même si on peut espérer le plein emploi pour une population active qui va stagner et qu’il faut réserver à la production de richesse pour soutenir l’économie. Notre jeunesse qualifiée et bien formée est notre richesse. Avec l'accroissement de la population des séniors, les offres d'emploi vont exploser tandis que la population active stagne et qu'il vaut mieux orienter nos jeunes vers des emplois productifs plus qualifiants destinés à maintenir la puissance économique du pays plutôt que ces activités de service. L'appel à une main d'œuvre immigrée est inévitable, pourquoi pas africaine ou asiatique puisque comme le souligne Rama Yade justement, ces populations ont le respect du grand âge, mais avec le risque culturel et social que cela induit. Dans ce cas des structures de formation, d’intégration, de contrôle seraient indispensables à l'exemple de ce qui est mis en place en Allemagne ou au Japon avec la création d'emploi de coach de vie Care manager… Il apparait donc que notre système d’aide à domicile basé sur une relation de travail employeur /salarié est totalement inadapté et que si pour des raisons économiques et humaines évidentes le maintien à domicile reste la meilleure solution, il convient de l’organiser, de la contrôler, d’assurer une médiation. Autant d’objectifs qui induisent des couts insupportables dans un domaine qui ne génère pas de profits mais des charges. C’est ici que la proposition de service civique des séniors de Rama Yade me semble pouvoir régler le problème, avec l’immense avantage de ne pas créer de friction intergénérationnelle. Deux correctifs majeurs sont indispensables, compte tenu de la culture française : ce service civique ne doit pas être obligatoire mais incitatif, il ne peut être rémunéré car le tissu associatif employant des bénévoles est un lobby très puissant et très nécessaire en France, il sera vent debout contre cette proposition. C’est la fin du paradigme. Il est temps, nous avons 40 ans car rien n'est plus délicat que de changer les mentalités, pour mettre en oeuvre ce nouveau concept en douceur, et éviter le sacrifice des nouvelles générations Comme par ailleurs pour aboutir à quelque chose d’intéressant un objectif se doit d’être ambitieux, je n’hésite pas à grossir le trait, et je compte sur votre bon sens pour en atténuer les contours, et améliorer la faisabilité si ma proposition retenait votre attention.  Notre
devise républicaine est magnifique, des droits : Liberté
Egalité… Une petite et vague obligation de
Fraternité … On y touche pas ! Mais dans les faits on
remet en bonne place la valeur des devoirs envers une
société qui accorde ses largesses. Dans l’esprit,
la retraite n’est pas un droit acquit après des
années de dur labeur, mais la reconnaissance de la nation pour
le devoir accompli pour la communauté (ce qui nous
différencie des abeilles…) en échange instaurer un
service
civique pour le 3° âge et réduire drastiquement les
effectifs de fonctionnaires actifs dans les rôles de service avec
un troisième temps de
service civique pour l’acquisition des droits
définitifs, partout où c’est possible et en
particulier auprès des séniors qui sont demandeurs
de service, mais pas seulement, dans la transmission des savoirs : la
garde, l'enseignement primaire, l'encadrement le soutien
scolaire des enfants, l'intégration des immigrés,
l'éducation
civique, le tutorat professionnel...Plutôt qu'un salaire, mal perçu par les organisations utilisant des bénévoles, offrir aux retraités une réévaluation de leurs points de retraite. Par exemple un sénior atteint l'âge de la retraite au taux plein de 40%, il accomplit un service civique équivalent temps plein de 6 mois par an pendant 5 ans sa retraite est réévaluée de 1% par an. Il prolonge son service civique de 5 ans équivalent 3 mois sa retraite est réévaluée de 0,5% par an. Par exemple les études de médecine coutent très chères, un jeune diplômé n’aura pas pendant 5 ans la liberté du choix de son installation, il sera affecté là où il est utile dans les déserts médicaux, dans les zones rurales, il sera soumis aux gardes de nuit de week end, son conventionnement en dépendra… une compensation sera offerte : la validation de ses années d’étude pour le calcul de sa retraite, 1 point par année aboutissant à un diplôme. Le compte de pénibilité a ouvert la voie. De la même façon il faut envisager une compensation pour la mère de famille qui élève ses enfants, pour l’accompagnant qui s’occupe d’un handicapé sénior ou pas. Les cotisations seraient payées par les services utilisateurs : communes départements, l’Etat, le service civique se substituant progressivement dans les domaines où c'est possible à la fonction publique d'Etat. |
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