Après la publication, la promotion du livre
Le secret de Marie Emilia

L'interview

Qui etes vous ?

J’ai 77 ans, mon premier roman vient d’être édité chez Edilivre. Ce  n’est pas exceptionnel, j’ai déjà dans mon petit cercle deux amis qui ont éprouvé l’envie de raconter ce qu’ils ont vécu, de laisser un témoignage. Ils pensaient d’abord à leurs petits enfants.

Je n’ai pas d’enfants, donc pas de petits enfants, alors curieusement, j’ai eu l’envie de raconter ce que je savais, et même ce que je ne savais pas d’un secret de ma famille
 originaire de la Guadeloupe.
C'est le sujet de votre Livre ?
Oui, ce secret de famille est depuis longtemps oublié, et il est possible que j’en sois seule dépositaire. En résumé : ma grand mère maternelle Miriam Renoir  est née en 1874 de père inconnu à Saint Pierre en Martinique. Marie Emilia, mon arrière grand mère, disait qu'il s'agissait de Victor Schoelcher qui a porté la seconde loi sur l'abolition de l'esclavage en 1848.

Son histoire ne semblait pas crédible et personne ne la prenait au sérieux. Shoelcher est né en 1804, célibataire sans enfant, il était âgé de 70 ans au moment de la naissance de ma grand mère. On sait aujourd'hui qu'un homme de 70 ans peut avoir des enfants. Ce qui n'était pas crédible c'est que Victor Schoelcher n'est jamais revenu aux Antilles depuis son voyage en 1841.

Pourquoi si tard ?

Je devais faire un séjour en Guadeloupe en Mai 2013, j’avais décidé de profiter de ce séjour pour rechercher l’acte de naissance de ma grand mère qui restait introuvable en Guadeloupe. Un cousin éloigné l’a retrouvé à Saint Pierre.

J’avais une photo de ma grand mère datant de 1895, poussant plus loin mon investigation, j’ai recherché un portrait de Schoelcher jeune afin de découvrir une éventuelle ressemblance, d’emblée elle m’est apparue assez  troublante. Je dispose de Photoshop élément, j’ai superposé les deux calques en faisant varier l’opacité. La biométrie des deux visages est stupéfiante. Seule l’analyse ADN pourrait constituer une preuve. Je ne vois aucun intérêt à cette démarche, plus de 100 ans après la mort du grand homme, laissons le reposer en paix dans le Panthéon.

Que saviez vous de votre arrière grand mère ?

Je savais peu de chose de mon arrière grand mère si ce n’est qu’elle ne s’était jamais mariée et qu’elle était mère célibataire, elle avait une jolie voix, elle soignait avec les plantes, elle avait sauvé des vies pendant l’épidémie de choléra en 1865. Ajoutez à cela, qu’elle vénérait Schoelcher, que ses idées politiques étaient plutôt progressistes : un portrait atypique pour une jeune femme issue d’une famille de blanc-pays en Guadeloupe… les commentaires n’étaient pas tous sympathiques !

Et puis pourquoi ce voyage en  Martinique ? Une femme célibataire voyageait peu à cette époque, une histoire d’amour sans doute. Et je découvre que Shoelcher  a été élu député de la Martinique en 1871 ! Elle a peut-être  souhaité le rejoindre ? Oui mais Schoelcher n’est jamais revenu aux Antilles, même après son élection. Néanmoins ce voyage à la Martinique ouvrait d’autres possibles…

Un premier roman ce n'est pas évident, comment l'avez vous fait ?

J’ai fait des recherches, dans la correspondance de Schoelcher de Nelly Schmidt, rien, pratiquement aucune lettre pour les années 1871 1874. J’ai commencé à écrire, l’histoire venait naturellement, parfois je me sentais habitée par mon arrière  grand mère. C’est une époque et un pays où je n’ai pas vécu, une documentation était nécessaire. Le livre de Liliane Chauleau « la vie aux Antilles françaises au temps de Schoelcher » m’a beaucoup aidé.


Ce fut une période de ma vie très excitante, je découvrais mes racines, des souvenirs remontaient à la surface, même la langue créole que j’avais oubliée depuis la mort de ma grand mère survenue en 1952, me revenait en mémoire.

Qu'est ce qui vous a décidé à la publier et pourquoi ?


Le manuscrit terminé, je l’ai fait lire, des amis m’ont encouragée à le faire éditer car le livre les avait captivés. J’ai toujours beaucoup écrit, des rapports techniques quand je travaillais, des reportages sur nos voyages, cela ne fait pas de moi un écrivain. Et puis un éditeur choisit une œuvre pour ses qualités, mais aussi pour le potentiel de l’auteur : à 77 ans mon potentiel est nul. J’ai accepté de tenter l’aventure en mettant  toutefois  deux limites à la réalisation de cette ambition : j’éliminais les éditeurs qui exigent l’envoi du manuscrit par poste, (les grandes maisons d’édition) et j’excluais le compte d’auteur. Pas question d’utiliser du papier pour rien, mes convictions écologiques s’y opposent, je voulais aussi éviter la honte de voir s’entasser à la cave les 300 exemplaires invendus !

J’ai contacté 11 maisons d’éditions, toutes ont accepté le manuscrit avec des contributions plus ou moins substantielles, des comptes d’auteur qui ne disaient pas les mots. Seule Edilivre est entrée dans le schéma que j’avais tracé. C’est à dire l’envoi du manuscrit pas mail, et l’édition gratuite  avec des options payantes (distribution, couverture…), mon livre ayant été accepté dans la collection classique.

Que comptez vous faire pour vous faire connaitre et le faire connaitre ?

Depuis le 20 Février 2014, il est en vente au format papier et numérique chez l’éditeur EDILIVRE
http://www.edilivre.com/le-secret-de-marie-emilia-1e700ff068.html#.UwfE9ijSosp
Après 45 jours, une fois le dépôt à la BnF achevé, il sera mis en vente sur les principaux libraires en ligne à savoir Fnac.com, Chapitre.com, Amazon... et dans les librairies agréés par Edilivre.

C’est à ce moment que commence l’étape la plus difficile pour moi, la promotion du livre : comment le faire connaitre, comment se faire connaitre. J’ai eu beaucoup d’expérience dans ma vie, vendre fait partie de celle que je n’ai pas connue. Je ne pense pas avoir ce talent.

J’ai donc commencé par faire ce que je sais faire, A la retraite, je suis rédactrice d'un web magazine de voyage j'ai publié une page internet pour faire connaitre le livre :
http://www.cyber-evasion.com/siteME/Index.html
une bande annonce : http://www.youtube.com/watch?v=O15KxPwPJnM&feature=youtu.be

J’ai un handicap qui m’empêche d’écrire (sans rire), un tremblement essentiel, j’ai pensé à un marque-page pour mes dédicaces.

J’ai créé  des affiches, des cartes de visite, j’ai envoyé des mails à ma famille, mes amis, mes relations.

Sur les réseaux sociaux,  j’informe mes cercles Google+, sur le conseil de l'éditeur je me suis inscrite sur facebook, et j’ai créé le jeu de Marie Emilia pour intéresser mes « amis facebook ».

Votre conclusion :

Je crois sincèrement que si cette histoire est vraie, elle a été voulue par Marie Emilia, je crois que Schoelcher a ignoré cette paternité. Cette situation a été douloureuse pour ma grand mère : être née de père inconnu, le connaître, être contestée, trois épreuves. Pour sa mémoire, j’aimerais convaincre le plus grand nombre que son histoire est possible.

Et puis, rêvons un peu, pourquoi pas une petite série ou un téléfilm retraçant la personnalité de mon arrière grand mère,  en avance pour son temps, dans une Guadeloupe en pleine mutation du 19° siècle. Nicolas Lemerle diplomé réalisateur de 3IS pourrait en proposer une adaptation.

L’Editeur s’engage à faire parvenir à titre gracieux un exemplaire aux médias qui en font la demande !